23/04/2019

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Manifestants pacifistes gazés, casseurs non arrêtés,

la police française n’est plus en capacité de remplir sa mission républicaine



Depuis maintenant plus de vingt semaines, les manifestations se répètent tous les samedis, partout en France. La police, qui doit garantir la sécurité des citoyens, fait preuve d’un grand manque de professionnalisme lors de ces manifestations en étant, non seulement dans la difficulté pour contenir les casseurs, mais en plus, en gazant et blessant des manifestants pacifistes. Quelles sont les raisons et les conséquences de cette déroute des fonctionnaires de police ?


La mission des policiers semble pourtant assez claire : garantir le bon déroulement de la manifestation en protégeant les manifestants pacifistes et en stoppant les actions des casseurs.

On aurait pu espérer, qu’à force de répétition, les policiers gagneraient en expérience et s’amélioreraient au fils des manifestations. Malheureusement, c’est presque systématiquement le même scénario qui se répète, des manifestants pacifistes chantants et défilants dans une ambiance bon enfant se retrouvent criblés de grenade lacrymogène et de flash-ball. Dans le même temps, les actes de vandalisme, réalisés par un tout petit nombre de personnes et en très grande infériorité numérique et technologique par rapport aux policiers, ne sont pas stoppés.

Cette déroute de la police française pose d’abord un problème de santé, à la fois à cause des blessures graves engendrées (main arrachée, œil crevé, ...) mais aussi à cause des risques à plus long termes liés aux inhalations des gaz toxiques. Notons que ces problèmes de santé concernent aussi les forces de l’ordre qui s’exposent à des maladies professionnelles en respirant tous les samedis les gaz qu’ils projettent.

Mais ces violences sur des citoyens pacifistes posent aussi un autre problème. Le rôle de la police est de garantir l’État de droit pour préserver la République via le monopole de la violence légitime. Or, étant donné ses grandes difficultés, la police française délaisse son rôle républicain et se rapproche d’une milice pour intérêts privés au détriment de la protection des citoyens.

Il peut paraître surprenant que cette dérive ne soit pas plus condamnée sur la scène politique et intellectuelle. En fait nous assistons à une sorte d’affaire Dreyfus à l’envers. Rappelons que l’affaire Dreyfus avait divisé la gauche entre ceux qui disaient « il est peut-être innocent mais c’est un bourgeois nous n’avons pas à le défendre » et ceux qui pensaient au contraire « nous devons exiger la justice républicaine sans discernement de classe ». Aujourd’hui, après des décennies de recul de la mixité sociale, une partie des Français ne ressent plus aucune proximité avec les citoyens qui manifestent le samedi. Ils préfèrent donc renoncer à certains principes républicains et soutenir explicitement ou implicitement la politique de classe du gouvernement, en pensant que leurs intérêts seront mieux préservés.


Les erreurs commises par la police, gérée par une chaîne de commandement déficiente, sont donc en train de disloquer l’État de droit, dans une indifférence inquiétante. Nous appelons donc les policiers, et en particulier les chaînes de commandement, à se ressaisir, à faire le nécessaire pour être en capacité de discerner un manifestant pacifiste d’un casseur. Pour aider ceux qui ont des difficultés, nous les invitons à se réciter cette ritournelle en boucle pendant la semaine, afin de ne plus être dans l’erreur le samedi :« Si les manifestants sont pacifistes, pas de gaz toxique, si les manifestants vandalisent, sans blesser, on les verbalisent ». Nous appelons aussi tous les républicains à ne pas répéter les erreurs du passé et à exiger le respect des libertés individuelles quelque soit la classe sociale des citoyens.


Si l’incapacité actuelle de la police à remplir ses missions n’est pas stoppée, la confiance entre les citoyens et la police, indispensable pour garantir l’état de droit, sera dangereusement endommagée. Il est donc urgent de se mobiliser pour infléchir la politique du gouvernement et de faire de la pédagogie pour qu’il finisse par respecter la France d'en bas, en cessant d’utiliser les forces de l’ordre pour ballonner les manifestants.