29/04/2021

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Pourquoi l’islamo-gauchisme est un non-sens



Depuis quelques années, et de façon encore plus virulente ces derniers mois, des personnes à droite qualifie avec véhémence une partie de la gauche d’islamo-gauchisme. Comme le judéo-bolchevisme en son temps, ce terme est un oxymore, sans consistance. Néanmoins, il permet de nous renseigner sur la nature de ceux qui l’emploient, notamment pour mieux comprendre pourquoi ils sont en dehors de la République laïque.



Mais d’abord, démontrons l’inconsistance de ce terme. Imaginons un musulman qui va voir un militant de gauche pour lui dire « je ne veux plus aller à la mosquée, je ne me sens pas libre, j’aimerais prendre mes distances ». Qui, d’honnête, peut croire que le militant de gauche, qui promeut l’éducation de masse pour que chacun puisse vivre de façon libre et autonome, qui promeut la science et la connaissance contre la foi et les croyances puisse répondre : « tu t’égares, cette liberté ne t’apportera que misère, retourne à la mosquée ». La réponse apportée ressemblera à : « ta demande est parfaitement légitime, le cadre Républicain laïque te permet pleinement d’atteindre ce que tu souhaites, je peux t’aider ». Le terme d’islamo-gauchisme est donc un non sens, la gauche respecte les croyances, mais ne va pas promouvoir les religions.

Il faut remarquer qu’une personne de droite apportera une réponse assez similaire à celle de notre militant de gauche. Pour mieux cerner la différence, il faut se positionner dans la situation opposée.

Ainsi, imaginons maintenant que notre musulman dise : « Je souhaite qu’on me laisse aller à la mosquée et pratiquer ma foi, car je vis très bien dans ce cadre ». Le militant de gauche apportera la même réponse qu’aux autres croyants : « tu es parfaitement libre de pratiquer ta foi, mais elle doit se faire dans le cadre Républicain laïque, c’est à dire en tolérant et respectant les autres croyants et les non-croyants, et en acceptant l'enseignement des connaissances issues d'un processus rationnel à l'école publique. Sache que si un jour tu changes d’avis, et que tu souhaites vivre différemment, la République laïque te le permettra ». Mais, pour les militants de droite, qui traitent une partie de la gauche d’islamo-gauchisme, cette réponse est impossible, ils répondront plutôt quelque chose comme « en pratiquant cette religion, qui est en dehors de l’histoire du pays, tu refuses, volontairement ou involontairement, de t’intégrer ».

Ainsi, pour une partie de la droite, dire à un musulman qu’il est libre de pratiquer sa foi, suffit pour être traité d’« islamo ». Or, la réponse apportée est pleinement en accord avec le cadre laïque. Ceux qui qualifient leurs adversaires politiques d’islamo-gauchistes n’ont donc pas compris le fonctionnement de la République laïque. Ils sont dans une logique communautariste, avec une conception judéo-chrétienne de la laïcité, qui tolère juste les athées et les agnostiques. Cette étroitesse d’esprit est souvent la conséquence d’une vie dans un environnement à faible mixité sociale, avec une scolarité qui se déroule la plupart de temps dans des écoles confessionnelles. Dans ce contexte, des parents éprouvent une grande peur de voir leurs enfants, une fois adulte, vivre avec des citoyens qui possèdent une autre religion. On retrouve d’ailleurs cette même hantise chez des croyants d’autres religions. Ils sont tous en dehors du cadre laïque, qui laisse la possibilité à chaque citoyen de pouvoir choisir librement avec qui il souhaite vivre, indépendamment des opinions de ses parents.


L’insulte islamo-gauchisme exprime le désarroi et les peurs d’une partie de la droite qui se trouve en dehors du cadre laïque. Ces citoyens sont dans un état d'esprit similaire à celui de catholiques qui combattaient les protestants au XVIème siècle. Il faut donc aider cette droite, influente politiquement et médiatiquement, à rejoindre la République laïque, qui est conçue pour que les citoyens puissent vivre pacifiquement et librement dans un pays où existe plusieurs religions concurrentes.

Ainsi, en renforçant l’éducation et la mixité sociale, notamment en transformant progressivement les lycées confessionnels en lycées publics et en mettant fin au régime de concordat dans certains départements, les peurs et les préjugés pourront laisser place à la fraternité.