08/02/2015

http://mclams.free.fr


Attentat de Charlie Hebdo, décryptage à froid

Chapitre 1 : le retour de l'obscurantisme religieux


Parmi le foisonnement d'idées issues lors de la naissance du socialisme, deux axes étaient prédominants. Il y avait d'une part une contestation de l'ordre économique, via une réflexion sur l'organisation des moyens de production et la répartition des bénéfices, et, d'autre part, une volonté d'émanciper les citoyens pour qu'ils soient libres, en particulier via la culture, l'éducation, le développement de l'esprit critique et l'apprentissage de la raison. Si la première idée va s'opposer frontalement au capitalisme, la deuxième va s'opposer aux religions, que Marx qualifiera « d'opium du peuple ».


Ces beaux principes seront ensuite pervertis par le système totalitaire de l'URSS qui a pris fin en 1989 grâce à la victoire du bloc de l’ouest.


Néanmoins, la chute de l'empire soviétique n'a pas été convenablement analysée en occident, et en particulier en France. Tout le monde y a vu la victoire du système capitalisme sur le système soviétique, mais qui a vu une certaine victoire des religions sur le socialisme ? Il faut se souvenir du rôle important du pape polonais Jean Paul II pendant la guerre froide et de la victoire des talibans sur l'armée rouge en Afghanistan, à peine huit mois avant la chute du mur de Berlin. Certains artisans de la victoire contre l'URSS étaient donc bien loin des idéaux des démocraties libérales. Plus de lucidité lors de la chute du mur de Berlin aurait permis de mieux anticiper la situation actuelle.

Ainsi, depuis la fin de la guerre froide, la prégnance des conflits religieux n'a cessé de croître, attisée par des intégristes porteurs d'un obscurantisme religieux que l'on croyait révolu. Aujourd’hui l'épicentre du phénomène s’étend de la Syrie au Yémen à travers la guerre entre sunnites et chiites et à travers le conflit israélo-palestinien. L'Afrique est aussi touchée par ces conflits interconfessionnels, et les zones périphériques de l'épicentre, comme l'Europe, reçoivent des secousses épisodiquement. Certes, il ne faut pas minimiser le caractère politique de ces conflits, la religion n'est souvent qu'un prétexte pour étendre une zone d'influence de chefs d'états peu scrupuleux ou de seigneurs de guerre mafieux. Néanmoins le symbole reste fort, et on tue à nouveau en invoquant Dieu. Combien de personnes ont déjà péri à cause de paroles, de dessins, de musiques, ou de confession jugés non conformes ? Citons, parmi les nombreuses victimes, Yitzhak Rabin, Anouar el-Sadate, Benazir Buttho et le commandant Massoud.

Le recul du communisme a donc permis aux religions de réinvestir les sociétés, le parti communiste étant peu à peu remplacé par des responsables religieux. Devant ce constat, il s'agit aujourd'hui de veiller à ce que l'usage de la religion reste éclairé (le souhait de l'immense majorité des croyants), en combattant les forces extrémistes, très minoritaires mais très nuisibles. La France, de part son combat historique pour la séparation de l’Église et de l’État, se retrouve en première ligne pour relever ce défi. Et parmi les Français, la gauche doit être à la pointe pour porter ce débat.


Comment procéder ? D'abord, il serait intéressant de tenir un registre des martyrs de la liberté, c'est à dire recenser toutes les personnes qui sont mortes ces dernières décennies pour une question de croyance, d'idée ou de création artistique.

Ensuite, il faut réellement s'interroger sur l'efficacité des opérations militaires, comprendre les dysfonctionnements rencontrés et se demander si les millions dépensés n'auraient pas été plus efficaces ailleurs.

Il faut aussi soutenir tous les modérés de tous les pays, notamment via des pressions internationales gouvernementales et des campagnes médiatiques citoyennes.

Il faut aussi s'interroger sur les moyens les plus pertinents à mettre en œuvre pour que la lecture des croyants demeure non dogmatique, c'est à dire que la loi républicaine reste au dessus de la loi religieuse.

Enfin, il faut bien sûr s'interroger sur la question sociale et morale. Si les religions réinvestissent ces domaines, c'est qu'elles ont la place de le faire. Comme cette question est centrale, ce sera le sujet d'un prochain chapitre.


Les terribles événements du 7 et 9 janvier doivent nous permettre d'ouvrir les yeux sur la montée de l’obscurantisme religieux poussée par une minorité d'extrémistes. Ce sont aujourd'hui les populations du Moyen-Orient et d'Afrique qui subissent principalement ce fléau. Même si la gauche a perdu l'habitude de se battre sur ce sujet, il devient urgent de reprendre les devants, avec fermeté et bien sûr sans violence. Éducation, tolérance, raison, libre arbitre, les armes du passé apporteront la victoire de demain.